Cette thèse historicise la transformation et l'évolution de la discipline histoire et des savoirs qui la constituent, des années 1830 aux années 1990 dans trois cantons suisses romands – Genève, Vaud et Fribourg – sous l'angle des ressources d'enseignement, des prescriptions ainsi que des discours politiques et pédagogiques. Fondée sur un cadre conceptuel et méthodologique résultant du croisement de plusieurs approches, notamment historico-didactique, cette recherche permet d'historiciser l'état actuel de la discipline histoire. Les analyses menées montrent ainsi la non-linéarité de son évolution, en mettant en perspective un processus de disciplinarisation constant et en mettant en exergue le rôle des acteurs du champ éducatif dans ces transformations. Par ailleurs, en questionnant le lien entre l'histoire scolaire et l'édification de la nation helvétique, cette thèse met en évidence la pluralité des histoires enseignées en Suisse romande, ainsi que la dualité entourant ses savoirs : entre circulation et permanence. Elle met en lumière une évolution qui se caractérise par une imbrication de facteurs multiples ainsi qu'un enseignement-apprentissage de l'histoire soumis à des tensions entre reproduction et émancipation.