Cette étude est un retour d’expérience sur le fonctionnement en usage de l’immeuble Soubeyran 7, immeuble d’habitat collectif (avec activités au rez-de-chaussée) de très haute performance énergétique (THPE), d’une surface de référence énergétique de 4607 m2SRE, équipé de pompes à chaleur (PAC) sur air vicié pour le chauffage et la production d’eau chaude sanitaire (ECS), avec complément par une chaudière à gaz. Sur la base de relevés manuels des compteurs de chaleur et d’énergie, des données provenant de l’automate de régulation en chaufferie, ainsi que de mesures ponctuelles, nous établissons le bilan de la production (PAC et chaudière) et demande de chaleur de l’immeuble (ECS et chauffage), ainsi que les signatures énergétiques associées.
Alors que le projet prévoyait de couvrir 61 % de la demande de chaleur par les pompes à chaleur sur air vicié, il s'est avéré au cours des premières années de fonctionnement que la grande majorité de la chaleur était produite par la chaudière à gaz, au détriment des pompes à chaleur. Grâce à un suivi des propriétaires (coopératives d'habitation), des techniciens (architecte, chauffagiste) et des habitants, au cours des premières années d'exploitation, cette situation a été améliorée par diverses optimisations de la régulation ainsi que par des modifications hydrauliques, et les PAC couvrent actuellement 38 % de la demande de chaleur de l’immeuble. L’écart restant avec la valeur projet semble être dû à une mauvaise évaluation de la production / performance réelle des PAC, à des limitations intrinsèques de températures pour les PAC en ce qui concerne la production d'ECS, et à un système hydraulique non optimisé, induisant une dégradation inutile de la chaleur produite par les PAC tout au long de la chaîne de distribution.
En conclusion, alors que l’utilisation des PAC sur air vicié pour le préchauffage de l’ECS est répandue et bien connue, leur utilisation pour contribuer à la fois à la production d’ECS et au chauffage l’est nettement moins, mais est potentiellement intéressante pour des immeubles de haute performance énergétique, et a fortiori quand la demande d’ECS est faible. Cependant, cela engendre une complexification du système de production et distribution de chaleur, face à laquelle il n’existe à notre connaissance pas de solution courante ou de schémas hydrauliques standards.