La maîtrise de l’orthographe lexicale (OL) est sous-tendue par 4 stratégies, largement rapportées dans la littérature (conversion phonème(s)-graphème(s), connaissances lexicales spécifiques, connaissances des régularités graphotactiques et connaissances morphologiques). Toutefois, les études francophones sont peu nombreuses et les auteurs ne demeurent pas unanimes sur le poids de chaque compétence en fonction des niveaux scolaires. Ce travail, portant sur des enfants francophones de CP (3P) au CM2 (7P), a pour but d’observer la corrélation de ces 4 stratégies avec l’OL ainsi que le poids de celles-ci en fonction des niveaux scolaires. Par ailleurs, certains travaux montrent que les enfants plurilingues ont de meilleures compétences orthographiques que leurs pairs monolingues, en raison de capacités métacognitives et métalinguistiques plus développées. D’autres études observent une tendance inverse, en raison de processus cognitifs plus coûteux pour orthographier chez les plurilingues. Ce projet de recherche vise à vérifier si les plurilingues se distinguent des monolingues sur la mesure de l’OL ainsi que sur ses prédicteurs. Les participants réalisent des épreuves évaluant les 4 stratégies ainsi que d’autres mesures contrôles (lexique réceptif et raisonnement non-verbal). Les résultats montrent que les 4 facteurs sont corrélés positivement et significativement avec l’OL. En CP, les enfants n’utilisent pas la stratégie phonologique, contrairement à ce qu’évoque la littérature. Elle semble être utilisée dès le CE1 jusqu’en CM2. Les stratégies morphologique et graphotactique sont utilisées dès le CP et globalement durant toute l’école primaire. La stratégie orthographique a été retirée de nos analyses, en raison de biais méthodologiques. Les résultats indiquent aussi que les plurilingues ne sont pas meilleurs que les monolingues en OL ni sur les 4 stratégies requises, mais que ces deux groupes semblent recruter des stratégies différentes pour orthographier. Malgré certaines limites amenant à interpréter les résultats avec précaution, cette étude sur un large échantillon d’enfants francophones est encourageante puisqu’elle confirme l’utilisation de 3 stratégies pour orthographier et qu’elle indique les niveaux scolaires auxquels elles sont le plus recrutées.