Cette thèse retrace l'évolution de l'enseignement de la grammaire dans les cantons de Genève, Vaud et Fribourg entre 1830 et 1990. Adoptant une posture historico-didactique, elle appréhende la transformation des savoirs grammaticaux à partir de l'analyse approfondie des ouvrages et manuels scolaires validés ou prescrits dans les trois cantons retenus, ainsi que des textes législatifs et des prescriptions (lois, règlements et programmes d'enseignement), et enfin des discours pédagogiques relatifs à cet enseignement. Sur la base de ces analyses croisées, cette recherche met en évidence la place centrale qu'occupent les enseignements grammaticaux dans le dispositif disciplinaire "français" tel qu'il se met en place dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Ce dispositif, qui repose sur une conception représentationnelle de la langue, a comme aboutissement la composition. Dans ce contexte, les composantes relatives à l'étude de la langue (grammaire, orthographe, conjugaison, vocabulaire) sont ainsi progressivement mises au service de la composition. Le travail sur la proposition, définie comme « unité de pensée », y apparait nettement comme un travail propédeutique à l'enseignement de la composition.