Dans les sociétés occidentales contemporaines, les migrants vivent sensiblement plus longtemps que les nationaux en dépit d'une position socioéconomique qui est, en règle générale, plus défavorable. Pour expliquer ce paradoxe, la littérature académique s'accorde notamment sur des effets de sélection de la population migrante et sur des facteurs culturels favorables liés à la condition intrinsèque du migrant. La migration est une bifurcation dans le parcours de vie, elle se traduit par l'arrivée dans une société d'accueil, puis un profil qui change avec la durée depuis la migration. Sélectionné par ses aptitudes – son état de santé notamment –, le migrant s'adapte à son nouvel environnement et est affecté par son contexte. Dans ce papier, nous nous intéressons aux différentiels de mortalité selon l'effet de sélection à l'entrée et l'adaptation dans la société suisse pour différents groupes de migrants. Nous testons ces effets sur deux sous-populations idéal-typiques, les secondes générations, qui par définition ne sont pas issues d'un processus de sélection à la migration et les naturalisés qui ont, en tout cas formellement, achevé leur processus d'intégration. Les données utilisées pour cette étude proviennent de la Swiss National Cohort, une plate-forme de recherche longitudinale qui consiste en l'appariement probabiliste de tous les décès survenus en Suisse sur la période 2000-2008 avec le recensement fédéral de la population de 2000.