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Se sentir bien à l'école en contexte ségrégué : une spécificité des garçons ?

Publication date2014
Abstract

Parmi les différents phénomènes explicatifs utilisés pour analyser les parcours scolaires, le bien-être, c'est-à-dire l'évaluation subjective de la qualité de vie dans le contexte scolaire est souvent considéré dans la littérature comme un élément secondaire (Fouquet-Chauprade ; 2013). Or, nous pensons qu'il occupe une place centrale sur la formulation des aspirations sociales et scolaires en particulier pour les élèves issus de l'immigration. Nous avons ainsi pu montrer (Fouquet-Chauprade, sous presse) qu'en contexte ségrégué l'effet du ressenti des discriminations sur les aspirations est médiatisé par le bien-être scolaire et nous avons émis l'hypothèse qu'un niveau de bien-être élevé permet de compenser de forts ressentis de discrimination. Le bien-être est peut-être une piste d'explication pour un des paradoxes que soulèvent régulièrement les recherches qui comparent les performances scolaires des garçons et des filles (PISA 2009, 2012 ; Eurydice 2001). Nous savons depuis les années 1980 (Duru-Bellat, 1990 ; Mosconi 1989) que les filles ont en moyenne de meilleurs résultats scolaires que les garçons, et ce, jusqu'à la Terminale, toute filières confondus. Ce résultat est particulièrement vrai pour les enfants d'origine maghrébine. Brinbaum et Kieffer (2009) montrent que 35% des garçons maghrébins terminent leur école de base avec au plus le brevet des collèges, quand c'est le cas de 15% des filles maghrébines, 15% des garçons sans origine migratoire, et 10% des filles. Or, si l'on considère que les groupes dominants utilisent l'école pour reproduire leur avantage, (Bourdieu, 1964) en ce qui concerne les inégalités sociales ou ethniques, comment rendre compte du fait que le sexe dominé puisse avoir de meilleure performances scolaires que le sexe dominant ? (Collet, 2012). La perspective intersectionelle (Creenshaw, 1989) a montré que les rapports sociaux de sexe, de classes et d'origine ethnique forment un système où ils s'entrecroisent de manière dynamique et inextricable (Kergoat, 2009). Ils sont consubstantiels et leurs recombinaisons continuelles ont parfois des effets qui peuvent sembler contradictoires. Ainsi, nous montrerons qu'en contexte ségrégué (Felouzis et al., 2005), il existe un probable renversement des logiques concernant le statut des groupes dominants (numériquement) mais dominés (symboliquement). Nous formulerons l'hypothèse que le bien-être scolaire, significativement plus élevé chez les garçons que chez les filles en milieu ségrégué, permettrait à ceux-ci de conserver des aspirations sociales supérieures à celles des filles, en termes de professions, tout en ayant des aspirations scolaires plus modestes. En somme, les garçons auraient conscience du système de genre, que nous définissons comme un rapport social de pouvoir du groupe des hommes sur le groupe des femmes, qui institue des normes de sexe différenciatrices et hiérarchisantes. Quels que soient leurs résultats, ils estiment avoir intrinsèquement des ressources pour s'en sortir et, en particulier, les garçons maghrébins qui reconstruisent une culture dominante en milieu ségrégué. Pour leur part, les filles maghrébines font déjà preuve d'anticipation raisonnable (Duru-Bellat, 1990) en visant des métiers faiblement qualifiés. La partie empirique de cette communication repose sur 1350 questionnaires passés auprès de collégiens de 6ème et de 3ème scolarisés dans les établissements parmi les plus ségrégués des académies de Bordeaux et Créteil (Fouquet-Chauprade, 2011). Les questionnaires ont été systématiquement administrés à tous les élèves de six établissements dans les deux degrés concernés. Les élèves étaient interrogés sur leurs conditions de scolarisation, leur expérience du racisme et des discriminations, leurs réseaux d'amitiés, etc. La mesure du bien- être scolaire est inspirée de l'indicateur défini par Konu et Rimpelä (2002). Il s'agit d'un indicateur composite rendant compte de différentes dimensions constitutives du bien-être scolaire (Fouquet-Chauprade, 2013 ; sous presse). Le ressenti des discriminations a été mesuré à partir d'une adaptation au domaine scolaire des mesures utilisées par Tribalat (1995). Ces deux mesures se présentent sous la forme d'échelles de type Likert.

Keywords
  • Ségrégation scolaire
  • Genre
  • Bien-être scolaire
  • Aspirations scolaires
  • Intersectionnalité
Citation (ISO format)
FOUQUET-CHAUPRADE, Barbara, COLLET, Isabelle. Se sentir bien à l’école en contexte ségrégué : une spécificité des garçons ? In: Oser l’autre: climats, violences et vulnérabilités scolaires en question. Bordeaux (France). 2014.
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  • PID : unige:88632
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Technical informations

Creation10/06/2016 5:49:00 PM
First validation10/06/2016 5:49:00 PM
Update time03/15/2023 12:53:31 AM
Status update03/15/2023 12:53:30 AM
Last indexation01/16/2024 10:10:00 PM
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