Depuis la critique de l'« indifférence aux différences » durant les années 1960 à la « gestion de la diversité » au tournant des années 2000, il ressort que le rapport social entretenu à l'égard des élèves « étrangers » apparaît comme une préoccupation qui se retrouve au centre des réformes éducatives successives engagées à Genève. Située au carrefour de diverses sociologies (de l'immigration, de l'école, des problèmes publics), cette enquête qualitative entend suivre ces métamorphoses à partir de l'analyse du travail de mobilisation engagé par une nébuleuse d'acteurs (politiques, militants, experts, médias, acteurs institutionnels) partageant des préoccupations communes tout en poursuivant des intérêts distincts. Cette étude s'attache à mettre en lumière les référentiels cognitifs et moraux mobilisés, tout en restituant l'échelle locale, nationale et supranationale dans laquelle ces acteurs s'inscrivent. Outre l'analyse des « producteurs » de ces réformes, cette enquête rend compte enfin des formes d'intériorisation, d'appropriation et de résistance des enseignants qui sont directement mandatés dans leur mise en œuvre.