Mémoires blessées proposent une suite de brefs tableaux, qu'ils concernent la guerre d'Espagne, le génocide des Arméniens, la Shoah ou les victimes des dictatures argentine et chiliennes. Une série de récits traumatiques du passé, de portraits mémoriels qui sont tous en quête de reconnaissance et reliés les uns aux autres, dans leurs différences, par l'universalité de la condition humaine. «Mémoires blessées». Cette expression désigne des mémoires traumatiques qui, en plus de la souffrance qu'elles incarnent, ont été longtemps enfouies ou niées, ce qui a ajouté, ou continue d'ajouter, d'autres souffrances pour leurs victimes. En effet, ces mémoires sont des blessures jamais refermées, et qui ne peuvent cicatriser, lorsqu'un pouvoir dominant les confine par toutes sortes de moyens dans une situation d'enfouissement ou de négation. Et lorsqu'ainsi, la souffrance de leurs victimes ou de leurs proches ne donne lieu à aucune reconnaissance. Les traumatismes mémoriels produits par l'histoire humaine sont multiples. Ceux qui sont évoqués dans Mémoires blessées ont été choisis de maniére subjective, au hasard de lectures, de recherches, de rencontres ou de moments de formation en didactique de l'histoire. Ils n'offrent donc aucune vision exhaustive de la problématique. Ce ne sont que des exemples, des cas particuliers, reliés les uns aux autres, et à toutes les mémoires, par leurs victimes, leurs morts prématurées, leurs pertes humaines et les souffrances qu'ils ont provoquées ; mais ce sont des cas de figure dont la connaissance et la comparaison sont susceptibles, du moins peut-on l'espérer, de favoriser un dialogue des mémoires qui fasse que, dans la perspective de notre communauté de destin planétaire, les traumatismes des uns concernent finalement aussi les autres, et inversement.