Les bâtiments résidentiels des années 60-80 représentent 10 millions de m2 à Genève, et arrivent simultanément en période de rénovation. Ils affichent en général un Indice de Dépense de Chaleur (IDC) élevé et constituent donc un gisement important d'économies d'énergie. Ce travail présente un retour d'expérience réalisé sur deux années (2008-2010) par le groupe Energie de l'Université de Genève. Il concerne la rénovation énergétique au standard Minergie d'un bâtiment résidentiel de plus de 5'000 m², construit en 1963 et rénové en 2008, et situé au 40-42 avenue du Gros Chêne à Onex. L'étude traite aussi bien des aspects énergétiques qu'économiques. La rénovation a porté d'une part sur l'enveloppe (fermeture des balcons en loggias sur toute la largeur du bâtiment et sur les deux façades, remplacement des simples vitrages par des doubles vitrages, isolation de la toiture et du plancher), d'autre part sur les installations techniques (passage du mazout au chauffage à distance (CADIOM), installation solaire pour la production de l'eau chaude sanitaire, mise en place d'une ventilation double-flux avec pompe à chaleur intégrée). Suite à la rénovation, l'IDC du bâtiment 40-42 est passé de 670 à 390 MJ/m²/an, soit une baisse de près de 300 MJ/m2/an. La demande nette en chauffage du bâtiment a diminué d'environ 150 MJ/m²/an grâce à la rénovation de l'enveloppe et à la récupération de chaleur sur l'air extrait. La rénovation a par contre induit des consommations électriques supplémentaires de près de 10 MJ/m²/an. Les économies d'énergie réalisées peuvent paraître faibles a priori, mais cela peut notamment s'expliquer par le fait que la performance de l'enveloppe thermique s'appuie en grande partie sur celle des loggias, qui dépend de l'utilisation faite par les occupants. L'étude a montré que les loggias ne sont pas toujours utilisées de manière correcte (ouverture de l'une voire des deux parois durant l'hiver), avec comme conséquence une baisse considérable de leur performance thermique. L'installation solaire et la ventilation double flux présentent quant à elles des performances classiques. Le coût total de la rénovation a été de l'ordre de 1'000 CHF HT/m2, dont 65% dédiés aux travaux d'amélioration énergétique. Le coût du kWh économisé atteint presque 40 centimes (ramené à 30 centimes grâce aux subventions). Ce chiffre peut paraître élevé par rapport aux coûts actuels de l'énergie (en particulier celui de la chaleur CADIOM), mais il ne prend pas en compte les co-bénéfices induits par la rénovation (augmentation de la valeur du patrimoine bâti, amélioration du confort intérieur). Le coût de la tonne de CO2 évitée a été calculé à 1'050 CHF (ramené à 750 CHF grâce aux subventions). Concernant le financement du coût des travaux d'amélioration énergétique, l'Etat a versé des subventions s'élevant à environ 15% du total ; dans le cadre de l'application de la LDTR, le propriétaire a pu reporter sur les loyers l'équivalent de 35% du total (dont 15% sont compensés par la baisse des charges énergétiques), et a gardé à sa charge les 50% restants.