Le deuxième texte figurant dans la troisième partie de ce livre éclaire une réalité moins connue de la migration et, indirectement, du statut de saisonnier en Suisse. Les conditions strictes de ce statut visaient à empêcher le regroupement familial. Les couples de saisonniers ayant un ou plusieurs enfants ne pouvaient vivre en Suisse avec le reste de leur famille. Certains enfants en bas âge ont dès lors été placés en institution. D’autres sont demeurés au pays sous la garde du reste de la famille. Un nombre conséquent d’enfants a néanmoins été contraint d’habiter clandestinement en Suisse durant plusieurs années de leur existence.

Ces enfants ne pouvaient que rarement être scolarisés lorsque les parents travaillaient avec le statut de saisonnier. Leur condition de clandestins leur valait de demeurer cachés et discrets autant durant l’absence de leurs parents partis travailler que lorsque la famille était réunie. Ils étaient très tôt familiarisés avec la discrétion, de façon à ne pas révéler leur existence. Des institutions spécifiques pour l’accueil et l’hébergement des enfants concernés avaient été créées dans les régions frontalières de la Suisse. Les résultats obtenus par Ricciardi et al. (2024) permettent d’interroger fondamentalement le rapport de force inégal entre les intérêts économiques et la protection des droits de l’enfance.