Dans le contexte de la pandémie de Covid-19 qui a provoqué de profonds bouleversements sociétaux, cette citation de Chevallier et Coallier (2021) met en lumière l’un des enjeux qui a été central pour les organisations durant la crise pour assurer la continuité de leurs activités à distance : la digitalisation des processus de travail. Bien que le développement du numé-rique au travail ne soit pas un phénomène nouveau (Vendramin et Valenduc, 2016; Bene-detto-Meyer, Boboc, et al., 2017; Besson, Gossart, et al., 2017), la pandémie du Covid-19 a accéléré la transformation digitale déjà en cours dans de nombreuses organisations et sec-teurs d’activité. Plus concrètement, la digitalisation des activités s’est traduite par une flexi-bilisation du travail (télétravail, flexibilité sur les horaires) et par la mise en place d’outils numériques, notamment collaboratifs, pour assurer le travail à distance. Bien que le déve-loppement massif des outils numériques dans les organisations soit porteur de promesses quant à l’émergence et à l’évolution de nouveaux modes de travail, les études portant sur les usages des outils collaboratifs montrent que leur ancrage dans les pratiques de travail reste encore faible (Ologeanu-Taddei, Fallery, et al., 2014; Benedetto-Meyer et Boboc, 2021). Ce constat soulève ainsi des questions quant aux causes qui peuvent mener à l’échec de l’implémentation d’outils collaboratifs dans les activités de travail. Ces causes sont bien souvent ramenées à des facteurs individuels et en particulier au phénomène de résistance au changement. Cependant, comme l’affirme Christine Marsan, « les personnes ne résistent pas systématiquement au changement, mais davantage à la manière dont il est introduit » (Marsan, 2008, p. 105). Cela m’a conduit à m’intéresser plus largement, dans le cadre de ce travail, à la manière dont certains facteurs socio-organisationnels influencent l’introduction d’outils collaboratifs au travail.