Le terme italien Caporalato fait référence à la pratique du recrutement et de l'exploitation de la main-d'oeuvre. Cette pratique, particulièrement ancrée dans le secteur agricole du sud de l'Italie, implique de plus en plus de travailleurs migrants, en situation de grande précarité économique. L'expansion du caporalato dans le sud de l'Italie a incité, en 2019, la DG Migration et affaires intérieures de la Commission européenne, en collaboration avec le ministère italien du travail et de la politique sociale, à lancer le projet Su.Pr.Eme. Italie : "South Protagonist in Overcoming Emergencies in the Context of Serious Exploitation and Marginality of Foreigners Regularly Present in the 5 Least Developed Regions".

Ce travail est le résultat d'un stage de recherche auprès de la coopérative sociale italienne Solidarci, qui fournit une assistance juridique et sociale aux populations issues de la migration et se trouvant dans un état de besoin. L'enquête de terrain, menée sur un échantillon de 850 participants, victimes potentielles du "caporalato", a mis en évidence les difficultés rencontrées par les migrants dans le développement de leurs capacités personnelles et professionnelles dans le territoire d'accueil. Dans une perspective critique, les politiques sociales de lutte contre l'exploitation du travail dans l'agriculture ont été analysées à la lumière des concepts de capacité et de justice sociale formulés par l'économiste Amartya Sen.