Avant-propos du N°575 - "Le bienêtre à l'école" coordonné par Andreea Capitanescu Benetti et Maëliss Rousseau. "Contreprogrammation", 18 février 2022, Andreea Capitanescu Benetti et Maëliss Rousseau Parler du bienêtre en pleine pandémie, c’est comme diffuser une comédie un jour d’élections pour une chaine de télévision. L’art de la contreprogrammation. En réalité, ce dossier était dans les esprits bien avant la pandémie. Il est né d’un constat paradoxal : d’une part, une profusion d’ouvrages sur le bienêtre et la gestion des émotions sont apparus dans les rayons « éducation et pédagogie » des librairies, ce qui laisse penser que ce sujet a conquis sa place dans la littérature en éducation. D’autre part, le pilotage de l’école génère une pression de plus en plus grande sur les résultats des élèves, avec des évaluations de plus en plus nombreuses, un curriculum qui ne cesse de s’alourdir et des classes surchargées. Certains élèves ont déjà compris que l’école n’était pas là pour leur faire de cadeau et encore moins pour se soucier de leur bienêtre, ils savent que s’ils n’acceptent pas les règles du jeu, ils ne pourront choisir leur place sur un marché du travail incertain et seront laissés pour compte. Face à cette montée en pression, les équipes, sur le terrain, cherchent des soupapes pour permettre aux élèves de retrouver le temps et la tranquillité nécessaires pour apprendre, nouer des relations avec les pairs, former un groupe qui s’enrichira collectivement. Ce dossier souhaite les accompagner dans cette recherche. La première partie se propose de regarder le bienêtre à l’école comme un enjeu éthique. Les textes nous invitent à regarder le sujet-élève dans la globalité de sa personne car c’est en faisant dialoguer et s’élever ensemble ses capacités cognitives, émotionnelles, sensorielles, relationnelles qu’on donnera le meilleur démarrage à sa vie. Les auteurs font appel à des références philosophiques, à des recherches internationales, mais aussi à leur expérience d’acteur de terrain pour illustrer les enjeux du bienêtre des élèves et des enseignants. La deuxième partie éclaire ces situations où le malêtre met en danger l’accrochage des élèves à l’école et explore des pistes pour permettre à chacun de faire face aux difficultés, partager ses doutes, nouer des relations qui redonneront confiance, nourrir l’espoir. Enfin, la dernière partie du dossier explore la relation du bienêtre avec l’apprentissage. Cette relation fait débat, comme l’expliquent Yves Reuter et d’autres. Apprendre, en effet, c’est accepter de ne pas savoir, persévérer, être obligé, parfois, de développer une certaine résistance à la frustration. Pour accompagner et soutenir ses élèves sur ce chemin, l’enseignant dispose de nombreux outils pédagogiques : les pratiques fines et régulières de l’étayage, les diverses stratégies d’enrôlement des élèves dans les savoirs, le soin à apporter aux situations d’apprentissage souvent trop négligées, les pédagogies du groupe et de la coopération pour faire groupe, ou mieux, équipe ! Andreea Capitanescu Benetti, Chercheuse et formatrice en enseignement primaire à l’université de Genève & Maëliss Rousseau, Professeure des écoles en maternelle