De nos jours, l'évaluation du langage oral des enfants représente un défi auquel chaque logopédiste est confronté. En effet, la société de maintenant étant multiculturelle, des difficultés dans la formulation de diagnostics se dévoilent d'autant plus que les outils utilisés dans ce but démontrent plusieurs biais. Ces outils sont dits « statiques » et se trouvent être inadéquats dans l'évaluation de la performance d'enfants bilingues ou encore d'enfants provenant de milieux socio-culturels faibles. Dans le but de contrer ces problèmes et de s'assurer de la fiabilité des diagnostics, une méthode d'évaluation dite « dynamique » voit petit à petit le jour. Toutefois, elle n'a pas encore été explorée dans les pays francophones. Notre étude est un projet pilote dans lequel nous avons développé un test dynamique de conscience phonologique utilisant la méthode d'incitation progressive, que nous avons testé auprès de 24 enfants au développement typique (DT) et de 22 enfants présentant un trouble développemental du langage (TDL), âgés de 4 à 8 ans. Ces deux groupes étaient composés d'enfants monolingues et bilingues, l'objectif étant de vérifier que la tâche les discrimine correctement et qu'elle ne pénalise pas les enfants parlant deux langues ou plus. L'épreuve était composée d'une partie de segmentation syllabique puis d'une partie de segmentation phonémique. Avant de commencer, des exemples étaient donnés aux enfants afin de s'assurer qu'ils comprenaient ce qui leur était demandé. Puis, pour chaque item test, une image représentant le mot à segmenter était présentée. Selon les réponses des enfants, différents niveaux d'indices leur étaient apportés pour les aider à trouver la solution correcte. Chaque niveau d'indice correspondait à un certain score. En parallèle, l'expérimentatrice était amenée à compléter une échelle de modifiabilité en fonction de ses observations sur le comportement des participants face à cette tâche. Cette échelle permet d'identifier le potentiel d'apprentissage des enfants. En plus de l'épreuve dynamique, chaque participant a effectué une tâche de répétition de logatomes ainsi qu'une tâche de raisonnement non-verbal. Les résultats obtenus montrent une différence significative entre nos deux groupes au score de segmentation phonémique, mais non pas aux scores de segmentation syllabique et de modifiabilité. Nos observations indiquent également que les enfants bilingues ne sont pas pénalisés lorsqu'on les évalue avec notre tâche dynamique de conscience phonologique. Bien que toutes nos hypothèses n'aient pas été confirmées, nous obtenons des résultats encourageants. Des améliorations méthodologiques ainsi qu'un échantillon plus large seraient toutefois nécessaire pour préciser nos conclusions.