Le but de cette étude est une reconstitution de l'histoire thermique de la région située à l'intersection entre le Fossé rhénan, formé par extension au cours du Tertiaire, et le Jura oriental, dominé par la compression. Cette reconstitution repose sur une analyse de la maturité de la matière organique dispersée, déterminée par la mesure de la réflectance de la vitrinite, sur des échantillons provenant d'affleurements et de forages. Les principales lithologies concernées sont des pélites d'âge mésozoïque et des grès tertiaires riches en débris de plantes. Les valeurs de réflectance de la vitrinite varient entre 0.24% Rr et 0.54% Rr pour les sédiments du Tertiaire, entre 0.40% Rr et 0.70% Rr pour le Jurassique, et entre 0.49% Rr et 0.80% Rr pour le Trias supérieur. Les analyses de pyrolyse Rock-Eval confirment ces valeurs. Certaines formations, et notamment les schistes à posidonies, apparaissent comme des roches mères. La modélisation thermique de la maturité mesurée indique que celle-ci a été atteinte au cours d'une phase de haute température au Tertiaire. Les paléogradients thermiques varient entre 40 et 100°C/km. Les paléotempératures maximales calculées varient entre 53°C et 106°C pour le Jurassique et entre 77°C et 127°C pour les formations du Trias. Une hypothèse possible pour expliquer le système de haute température postulé pour le Tertiaire est un flux de chaleur par convection, notamment par la migration de fluides profonds circulant le long d'accidents tectoniques, particulièrement pendant les périodes d'extension de l'Eocène supérieur au Miocène supérieur.