Différentes études abordent l'apprentissage d'une nouvelle langue chez les adultes (Shwartz & Sprouse, 1996 ; Vainikka & Young-Scholten, 1996). Notamment, Flynn, Foley et Vinnitskaya en 2004 proposent que l'apprentissage d'une nouvelle langue, telle qu'une L3, se fait par l'accès aux propriétés grammaticales cumulées des anciennes langues déjà apprises, comme L2. Apprendre le français est un enjeu important pour les réfugiés érythréens à Genève mais les différences entre le français et leur langue maternelle peuvent rendre difficile l'apprentissage du français. Dans le cadre d'un projet pilote qui a pour but d'améliorer l'enseignement du français, nous proposons une analyse des erreurs produites par les locuteurs du tigrigna. En premier lieu nous faisons l'hypothèse que les réfugiés feront des erreurs similaires à celles d'autres apprenants du français. Une seconde hypothèse est qu'un transfert positif des langues déjà acquises vers le français va permettre de diminuer la production de certaines de ces erreurs. Nous cherchons à analyser les erreurs produites lors d'un recueil de langage spontané ainsi que lors d'une tâche de compréhension afin de les mettre en lien avec le niveau de maîtrise du français et les autres langues parlées par les participants adultes, âgés de 19 à 51 ans. Nous avons en effet relevé des erreurs similaires à celle d'apprenants du français décrits dans la littérature, en particulier sur les phrases complexes, les morphèmes grammaticaux et lexicaux, en production et en compréhension. Le niveau de maîtrise est lié à la production de phrases complexes et à la diminution des taux d'erreurs. Toutefois, notre étude ne permet pas de conclure à un transfert des propriétés similaires entre les langues déjà acquises et le français.