Afin de donner un nouveau souffle à la lutte contre la Mortalité Maternelle et Néonatale, pour laquelle l'Afrique de l'Ouest et du Centre paye le plus lourd tribut dans le monde, le Bureau Régional de l'UNFPA pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre a documenté en vue de le partager, le processus et les résultats de l'approche de mise en place d'un réseau de maternités de Soins Obstétricaux et Néonatals d'Urgence (SONU) au niveau du Bénin, du Togo, de la Guinée et du Sénégal. Ce réseau de maternités vise à couvrir le maximum de population dans un délai permet- tant la prise en charge des complications responsables des décès maternels et néona- tals. En effet, les SONU, sont avec la Planification Familiale et l'accouchement par un personnel qualifié l'une des 3 stratégies clés pour lutter contre la Mortalité Maternelle. La mise en place des SONU dans les pays, initiée depuis le début des années 2000, s'est heurtée à un problème de planification pléthorique de structures, et donc des difficultés dans la mise en œuvre, pour un fonctionnement effectif des maternités devant offrir ces Soins 24h/24 et 7j/7. Car pour fonctionner ainsi ces structures nécessitent un personnel qualifié en nombre suffisant (sages femmes, médecins avec des compétences obsté- tricales ou gynécologues, anesthésistes et pédiatres..), mais aussi des infrastructures, équipements, et intrants (médicaments qui sauvent la vie et consommables clés). C'est ainsi que, sur les orientations de la Division Technique du siège de l'UNFPA, avec le plaidoyer fait par le Bureau Régional et en partenariat avec l'Université de Genève, les Bureaux pays ont appuyé les Ministères de la Santé pour faire une priorisation sur des bases factuelles, d'un réseau de maternités en utilisant la cartographie dans les 4 pays ; réseau qu'il va falloir rendre fonctionnel, monitorer et évaluer régulièrement. A partir des résultats des Évaluations Rapides des SONU ou de la première génération des évaluations des SONU, appuyées par le Bureau Régional, les pays ont pu faire le plaidoyer basé sur l'évidence, puis concevoir les outils et cartes pour procéder à la priorisation du ré- seau SONU. Ce processus participatif dans l'ensemble des 4 pays, réalisé sous le leadership du Ministère de la Santé a impliqué les acteurs du secteur de la santé et d'autres secteurs (Finances, Décentralisation, Enseignement Supérieur, Géographie, Associations profession- nelles et Organisations de la Société Civile...) et les partenaires au développement. La conduite du processus a été facilitée par l'implication des plus hautes autorités des Ministères de la santé, ainsi que l'engagement des partenaires au développement à l'ins- crire dans les différents cadres de coopération. La coopération Sud Sud entre le Togo et le Bénin, le Togo et la Guinée, et entre le Sénégal et la Guinée, a aussi été un facteur clé catalyseur dans le processus. La prise de conscience dès le début par tous les acteurs qu'il est nécessaire de mettre en place des stratégies novatrices et pragmatiques pour la réduction de la mortalité maternelle, est un facteur prédictif positif pour le processus. Ceci a permis aux acteurs de comprendre qu'il était possible de se focaliser sur moins de structures et avoir une accessibilité aux soins équivalente voire meilleure. Comme résultats, entre 2016 et 2018, le Sénégal, le Bénin et la Guinée ont ainsi procédé à un ciblage stratégique d'un nombre restreint de maternités conformément à la taille de leurs populations, couvrant respectivement 92%, 71% et 82% de la population à 2 heures d'une maternité du réseau SONU ; ce qui peut permettre ainsi une prise en charge dans les délais des mères et des nouveaux nés. Le Sénégal est ainsi passé de 1499 maternités à 142 devant offrir les SONU. La Guinée a identifié 117 maternités pour le réseau SONU sur 229 et le Bénin 112 sur 125. 11 12 Le Togo qui a démarré le processus depuis 2014 et dont la superficie du pays est plus réduite, assure avec les 67 structures de sa dernière priorisation, une couverture de près de 80% de la population à 1 heure d'une maternité du réseau SONU. Le Togo, est parmi les 4 pays, celui qui a l'expérience d'avoir déjà procédé à différents exercices de moni- torings ayant permis de noter une évolution favorable pour certains indicateurs d'utilisa- tion et de qualité des SONU dans le réseau, et une augmentation de la disponibilité des sages femmes, mais une disponibilité encore en dents de scie pour l'offre de services 24h/24 et 7j/7. Cette priorisation qui permet de focaliser les ressources notamment humaines et finan- cières sur un nombre limité de structures pour les faire fonctionner 24h/24 et 7j/7, doit donc être suivi par un monitoring régulier de ce réseau, qui est la prochaine étape pour le Sénégal, la Guinée et le Bénin. Autrement dit, si le réseau validé par l'ensemble des acteurs est une étape clé, elle ne constitue que la première étape pour apporter des réponses à l'accessibilité des SONU pour réduire la Mortalité Maternelle et néonatale. Le défi du suivi et du fonctionnement effectif reste à relever, à l'instar du Togo par une appropriation effective du niveau local.