Du parking aux espaces de travail, de la mobilité au logement, mettre en commun les espaces et les services est une tendance à l'heure de l'économie du partage. Les coopératives produisent des logements qui réduisent la taille des parties privatives au profit de grands espaces communs mutualisés. Des espaces de coworking où les places de travail sont partagées émergent dans tous les centres urbains, et peut-être bientôt en campagne, alors que des plateformes comme Office Riders permettent de mettre à disposition son logement à la journée pour un travailleur indépendant. Dans les projets urbains, le partage et la complémentarité deviennent aussi des objectifs. On cherche par exemple à réduire le nombre de places de stationnement en les mutualisant entre divers usagers à divers moments de la journée. On cherche aussi à favoriser des usages différents pour un même espace, comme dans le cas des bâtiments de bureaux, qui peuvent accueillir des usages culturels la nuit ou le weekend, ou des parcs agro-urbains dans lesquels l'espace agricole sert aussi de lieu de délassement pour les citadins. Même les flux et services peuvent être mutualisés, comme les réseaux de chauffage ou la logistique. Dans un contexte de nécessaire optimisation de l'usage du sol, mutualiser permet d'économiser des ressources tandis que la grandissante puissance des réseaux sociaux virtuels favorise le développement informel des logiques du partage. L'art de mutualiser (re-)devient alors un mode de vie, comme réponse sociétale à l'individualisation croissante, encadrée par un modèle économique, politique et social alternatif où partage et collaboration seraient source d'innovation. In fine, la mutualisation des espaces ne serait-elle pas une solution au besoin d'appartenance des individus à un espace public – au sens large du terme – de plus en plus contraint et marchandisé? Faut-il planifier et administrer la mutualisation? L'aménagement du territoire est-il un frein ou un levier pour la mutualisation?