La loi sur les surélévations a été votée en 2008 par le Grand Conseil et le peuple genevois dans un contexte de crise du logement. Elle permet de densifier la ville en augmentant les gabarits des bâtiments de un à deux étages selon la zone d'affectation et la largeur de la rue dans le but de construire des logements. Il s'agit d'une mesure de densification verticale de la ville qui répond aux principes d'utilisation mesurée du sol en permettant la construction de la ville sur elle-même. Son application a cependant suscité de nombreuses polémiques du fait de coûts de construction élevés, d'un manque de transparence dans l'octroi des autorisations de construire et de réalisations architecturales peu harmonieuses. Il est possible de distinguer plusieurs enjeux à cette mesure de densification. Tout d'abord, des enjeux architecturaux et patrimoniaux : la croissance urbaine genevoise s'est faite par strates horizontales successives et selon des règles précises de gabarits et d'alignements que cette poussée verticale bouleverse. Ensuite des enjeux urbanistiques : comme toute mesure de densification, la loi sur les surélévations entre en conflit avec des objectifs de maintien ou d'amélioration de la qualité de vie des habitants. Pour finir, des enjeux sociaux et économiques : les surélévations sont des opérations coûteuses et produisent des logements dont la situation est privilégiée, au-dessus des toits et centrale. Cela aurait pour conséquence des loyers élevés et peu accessibles à la majorité de la population. Ce mémoire analyse la loi sur les surélévations selon trois axes. Tout d'abord en tant que processus politique réunissant des acteurs multiples afin de percevoir leurs influences et leurs pouvoirs au sein de la production de la ville. Le deuxième axe propose d'étudier les changements induits par la loi sur les surélévations sur la ville en tant que matérialité et, ainsi, la capacité de cette mesure à faire évoluer la forme urbaine. Pour finir, la place et l'influence des surélévations sur les dynamiques socio-économiques de la production de logement sont étudiées afin de déterminer si la loi sur les surélévations participe d'une dynamique de gentrification.