L'éthique proposée par Hans Jonas dans son livre Le Principe Responsabilité est naturaliste. Jonas croit à l'existence de fins et de valeurs qui sont à la fois objectives et présentes dans le monde indépendamment de l'homme. Son éthique est anti-anthropocentrique puisqu'elle place la source des valeurs en dehors du sujet humain. D'ailleurs, tout au long de son livre, Jonas mène une polémique virulente contre le subjectivisme moral de la modernité, polémique qui recourt volontiers à une alternative indépassable. De deux choses l'une: soit l'éthique est fondée sur une ontologie en béton armé, comprenant des fins objectives indépendantes de la subjectivité humaine mais néanmoins identifiables dans la nature par tout être rationnel de bonne foi, soit elle se condamne sans retour à ces péchés capitaux philosophiques modernes que sont pour Jonas le subjectivisme, le nihilisme, le relativisme. Dès lors que le monde - et surtout le monde vivant - est habité par des fins et des valeurs objectives et que la nature vivante (y compris la nature humaine) est affectée d'une valence globalement positive, Jonas porte logiquement la discussion sur le terrain de la philosophie biologique, qu'il avait déjà exploré autrefois. Il est amené à défendre une thèse "métabiologique" très ancienne mais qui continue de susciter beaucoup de débats : le finalisme.