L'éthique est à la mode. Toute pro­fession, du plombier au spécialiste de marketing se doit d'avoir son code d'éthique ou sa déontologie professionnelle (et le fait que ces termes soient traités en synonymes n'est pas sans intérêt, comme nous allons le voir). Il y a quelques années, au moment de l'interdiction des phosphates dans les détergents, un quotidien genevois titrait: « Mettez de l'éthique dans votre lessive ! » Sur ce terrain, le corps médical a deux bons millénaires d'avance puisqu'il s'assigne encore une liste de devoirs attribuée traditionnellement à Hippocrate de Cos, au 5ème siècle avant notre ère. Ces devoirs, on peut les résumer en une formule : le bien et l'intérêt du patient passent en premier, avant toute autre considéra­tion. Etant donné cette tradition vénérable, comment se fait-il que notre 20ème siècle finissant ait cru bon d'inventer cette nouveauté qu'est la bioéthique ?