L'éthique en médecine est une réalité à la fois immémoriale et profondé­ment nouvelle. Elle est immémoriale, car de tout temps la médecine est porteuse de valeurs qui font de l'art médical plus et autre chose qu'une technique de gestion des corps et de la santé. Elle est profondément nou­velle, car les changements de la médecine au XXe siècle ne pouvaient manquer de soulever des questions éthiques inédites auxquelles les maximes hippocratiques traditionnelles ne donnent pas de réponse. S'interroger sur la bioéthique, c'est donc se demander quels ont été en notre siècle les moteurs du change­ment en médecine et dans les sciences du vivant, changement qui nous a contraints à reprendre à nou­veaux frais la question des normes et des fins de l'acte médical, ainsi que des nouveaux pouvoirs engendrés par les progrès considérables du savoir biologique.