Au cours des dernières décennies, la génétique a acquis une importance considérable comme source de connaissances biologiques et médicales fon­damentales. Il n'y a plus guère de domaine du savoir en médecine et dans les sciences du vivant qui n'ait été remodelé de façon plus ou moins profonde par les concepts et les méthodes de la génétique. De plus, ces connaissances débouchent désormais sur des applications pratiques dans des domaines très divers qui vont de la médecine (diagnostic, thérapie et prévention) à l'indus­trie pharmaceutique et agro-alimentaire, à l'agronomie, voire même à l'extraction minière et aux technologies nouvelles de dépollution2• Cette évo­lution est un des faits de société majeurs de notre époque et il n'est pas sur­prenant qu'il suscite à la fois de l'enthousiasme, des angoisses et des contro­verses passionnées. Ces réactions sociales diverses au progrès de la génétique sont à l'image de ce progrès lui-même. En effet, loin de constituer un thème relativement unitaire (comme par exemple l'énergie nucléaire), le thème de la génétique recouvre en fait une collection fort disparate de problèmes et de dilemmes qui n'ont souvent pas grand-chose en commun. Il n'en reste pas moins que le débat d'éthique en la matière ainsi que sa traduction au niveau du droit ont souvent traité la génétique comme une problématique nettement définie et recherché des outils conceptuels généraux sous l'égide desquels on espère placer l'ensemble des enjeux soulevés par ces développements scien­tifiques et technologiques.