La politique de régionalisation des hautes écoles spécialisées répond à une double exigence. Il s'agit de développer un tissu intercantonal de hautes écoles dans un but d'efficience et d'économies, tout en maintenant un ancrage local fort, permettant le développement de « proximités vertueuses » avec les acteurs économiques, sociaux et culturels du lieu. Ces modèles d'inscriptions territoriales s'inscrivent dans la lignée des modèles marshaliens d'analyse des externalités positives susceptibles de profiter à l'ensemble d'une région. Ces modèles postulent que la division du travail et la spécialisation des processus de production ne s'effectuent pas seulement du point de vue de l'organisation interne de la firme ; elle peut aussi s'organiser à l'échelle régionale, sous forme de grappes d'entreprises concurrentes ou complémentaires, de pôles de recherches et d'institut de formation. Force est néanmoins de constater que l'on sait relativement peu de choses quant à la façon dont ces « proximités vertueuses » sont supposées s'organiser, se développer et se stabiliser. Prenant comme cas, l'implantation des hautes écoles spéciales suisses et leur impact sur l'économie régionale, cette contribution aspire ainsi à discuter la pertinence des politiques élaborées sur des modèles marshalliens et portériens, au rang desquelles s'inscrit, selon nous, la nouvelle politique régionale de la Confédération.