Dans les plaines alluviales fluviales, les chenaux latéraux (appelés « lônes » sur le Rhône français) sont des milieux aquatiques plus ou moins connectés au cours principal du fleuve. Ce sont des milieux menacés. Dans le cadre du programme de restauration du Rhône, certains de ces milieux vont être restaurés et ce travail fourni un état de référence des communautés de macroinvertébrés aquatiques de certaines lônes du Bas-Rhône (entre Lyon et la Méditerranée) avant leur restauration. Il a été effectué avec la volonté de pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus précédemment pour certaines lônes du Haut-Rhône (entre le lac Léman et Lyon). Deux hypothèses peuvent être formulées : 1) Le Rhône étant connecté avec la Saône à Lyon et cette dernière étant une voie d'arrivée possible de nouvelles espèces de par sa connexion avec le Rhin, les richesses spécifiques et les densités d'espèces exogènes attendues sont plus élevées sur le Bas- Rhône. 2) Les aménagements anthropiques du Haut-Rhône permettent au exogènes de se retrouver en plus grand nombre dans le Haut-Rhône après la restauration. Des données de faune et d'habitat ont été acquises dans 28 sites répartis dans 14 lônes du Bas-Rhône et ont été étudiées à l'aide de méthodes statistiques. Des données acquises précédemment sur le Haut-Rhône ont également été utilisées. La connectivité latérale des lônes avec le Rhône est un des facteurs ayant une influence sur la composition des communautés de macroinvertébrés. Elle ne peut cependant pas être mesurée directement. Une analyse en composante principale (ACP) a été utilisée pour sélectionner des variables synthétiques de la connectivité latérale à partir de plusieurs variables environnementales liées à elle. La densité d'individus appartenant à des espèces exogènes commune entre les blocs (Bas-Rhône, Haut-Rhône pré-restauré, Haut-Rhône post-restauré) a ensuite été modélisé via une ACC en fonction des variables précédemment sélectionnées. Enfin, les trois blocs ont été modélisés via une régression linéaire multiples. Les résultats obtenus confirment les hypothèses formulées et fournissent d'autres constatations importantes. Ils montrent que les sites du Bas-Rhône s'ordonnent de manière relativement homogène le long du gradient de connectivité latérale. Les sites du Haut-Rhône et ceux du Bas-Rhône se situent dans une même gamme de degrés de connectivité latérale, ce qui représente une condition essentielle pour les comparaisons faunistiques entre les deux secteurs. Les comparaisons effectuées entre le Haut-Rhône et le Bas-Rhône montrent que la densité dans le Haut- Rhône est globalement plus pauvre en espèces exogènes, notamment les espèces lentiques. Pour les comparaisons entre les sites pré-restauration et post-restauration, la densité en exogène est plus importante après la restauration, notamment des espèces lotiques.