Les couches 52 à 48 de la grotte du Gardon, présentes uniquement dans la première salle du réseau karstique, ont été fouillées sur une surface d'environ 40 m2. Leur individualisation stratigraphique a été aisée dans toute la partie centrale de la salle où leur puissance verticale cumulée atteignait 50 cm, tandis qu'elle a été plus délicate dans les zones marginales où elles se biseautaient les unes sur les autres. Par ailleurs, quelques facteurs sédimentaires post-dépositionnels, de type faille ou soutirage, ont localement perturbé leur ordonnancement stratigraphique. Les couches 52, 50 et 49, à dominante limoneuse, et riches en charbons, correspondent à des dépôts anthropiques. Elles comprenaient plusieurs fosses et structures de combustion ainsi que du mobilier archéologique. Les couches 51 et 48, composées essentiellement de sables jaunes, correspondent pour leur part à des dépôts fluviatiles mis en place lors des phases d'inondation de la grotte (Sordoillet, Voruz, ce volume, chap. 5). Elles n'ont livré aucun aménagement anthropique, mais elles contenaient du mobilier archéologique remanié par les eaux. Nous présentons, dans ce chapitre, l'ensemble des céramiques attribuées aux couches 52 à 48. Après une analyse de la répartition stratigraphique des tessons, nous décrivons les caractéristiques morphologiques et technologiques des récipients et nous discutons de leur insertion chrono-culturelle dans le contexte du Néolithique moyen I rhodanien. Historique Les couches 52 à 48 ont été fouillées entre 1988 et 1998. Au cours de ces onze années de terrain, les céramiques qu'elles ont livrées ont fait l'objet de quelques publications préliminaires, diffusées à plus ou moins large échelle (Bois-Gerets et al., 1991 ; Nicod, 1991a, 1991b, 1995, 1996 ; Nicod et al., 1996 ; Beeching et al., 1997). L'analyse de l'intégralité du corpus céramique a été effectuée à partir de 1998 et les résultats finaux, qui font l'objet de cette contribution, n'ont été à ce jour que brièvement divulgués dans un récent article de synthèse (Voruz et al., 2004). Ces diverses publications permettent de suivre l'évolution de notre réflexion chrono-typologique, au fur et à mesure que le corpus s'accroissait et que la compréhension de la stratigraphie s'améliorait. Elles ont en revanche le défaut de créer une certaine confusion dans la nomenclature retenue pour qualifier les ensembles culturels. C'est cette confusion que nous voulons gommer ici en retraçant les principaux stades de notre cheminement intellectuel.