Ces dernières semaines, Genève et la Suisse semblaient traversées d'un curieux débat, retombé depuis. Les manchettes des journaux nous annonçaient que les ordures napolitaines risquaient de débarquer chez nous par trains entiers. Nous avons apparemment échappé à l'arrivée de montagnes d'immondices, parties vers le nord par tonnes. Elles auraient traversé nos frontières, dissimulant leurs pires secrets au fond de leurs sacs, envoyées par la mafia, ravie pour l'occasion d'étendre un peu plus son réseau transfrontalier. Que peut-on vraiment retenir de cette curieuse histoire de rumeurs et de peurs? Que nous apprend-elle sur nous? Le président du Mouvement citoyen genevois, Eric Stauffer, a cherché à se poser en sauveur. Il s'est érigé en défenseur de l'intégrité corporelle de la République menacée, allant jusqu'à tenir des conférences de presse à Naples. Cette métaphore de la nation comme corps, généralement féminin, est bien ancienne. Le héros prétendrait donc, de fait, la protéger contre un déshonneur certain. En poussant l'image un brin grivoise, la signification très imagée des trains ou camions qui pénétreraient littéralement le territoire suisse est éclairante.