Le rôle que les petits carnivores peuvent avoir sur la préservation des assemblages osseux constitués principalement par les hommes préhistoriques est beaucoup moins bien connu que celui des grands carnivores tels que l'hyène, le loup ou l'ours. De petits animaux comme le renard et le blaireau recherchent pourtant fréquemment des lieux d'habitat tels que des grottes de dimensions comparables à celles qui ont été utilisées par l'Homme depuis la préhistoire jusqu'à une époque récente. L'étude de trois accumulations actuelles permet d'examiner la diversité des comportements de ces espèces dans des domaines variés: les saisons de fréquentation, l'acquisition alimentaire, les modifications des ossements et l'organisation spatiale des lieux. Ces deux espèces pratiquent trois types d'acquisition distincts: la chasse, le charognage et le chapardage. Si le premier mode concerne des proies de petite taille qui peuvent être distinguées de celles acquises par l'Homme, charognage et chapardage concernent des espèces comparables en taille à celles chassées par ce dernier. Plusieurs interactions possibles avec les ensembles archéologiques peuvent être mises en évidence. La fréquence apparente des différents taxons et des parties de leurs squelettes, ainsi que l'organisation spatiale, l'importance relative des morsures et les saisons d'occupation sont autant de données qui doivent nécessairement être examinées à la suite d'une caractérisation précise des activités des renards et des blaireaux. Les données référentielles sur le comportement de ces espèces, l'examen taphonomique et l'intégration de données élaborées dans le champ classique de l'archéozoologie permettent ainsi de mieux cerner l'impact de ces petits carnivores et les limites qu'ils imposent à l'interprétation d'assemblages mixtes.