Ce mémoire propose une relecture critique du rôle de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) dans la stabilisation économique du Portugal au lendemain de la Révolution des Œillets de 1974. Alors que les interventions du Fonds monétaire international (FMI) ont donné lieu à quelques travaux, la contribution de la BRI pourtant décisive à certains moments-clés, demeure largement ignorée. En s’intéressant aux prêts d’urgence accordés entre 1975 et 1977, ce travail met en lumière l’action discrète mais structurante de cette institution dans l’encadrement progressif des politiques économiques portugaises, à un moment où le pays vacille entre rupture révolutionnaire et réalignement occidental.

Mobilisant une méthodologie de causalité processuelle qualitative, l’analyse s’appuie sur des archives nationales et internationales (BRI, Banco de Portugal, Ministère des Finances, Ford Library, FRUS), un entretien inédit et une littérature critique. Il est avancé que les prêts de la BRI, assimilables à des bridge loans, ont préparé le terrain à des interventions multilatérales plus contraignantes, en particulier de la part du FMI, et anticipé l’inscription du Portugal dans une économie ouverte structurée par les normes du bloc de l’Ouest.

Ce travail entend ainsi contribuer aux réflexions sur les dimensions internationales des transitions démocratiques, en montrant comment certains outils financiers, souvent présentés comme purement techniques, ont pu servir d’instruments d’orientation politique dans le contexte de la Guerre froide.