La figure de l'artiste comme prototypique des processus identitaires en modernité avancée. C'est l'hypothèse à partir de laquelle s'élance et se construit cette recherche. Comment prend forme la décision de confier sa vie à une activité susceptible de réaliser les aspirations des personnes, mais incertaine quant à la possibilité de s'insérer professionnellement ? Comment se construit un artiste dans un contexte qui privilégie la singularité, la personnalisation et marqué par le flou des repères ? Qu'advient-il de la vocation dès lors qu'elle sort de l'espace protégé de l'institution de formation, qu'elle affronte un monde du travail fait d'hyperflexibilité et d'hyperconcurrence ? Quelles permanences et changements configurent l'identité de jeunes diplômés d'écoles d'art ? C'est à ces questions que cette thèse tente d'apporter quelques réponses. Une problématique plus générale en constitue le prétexte : la transformation contemporaine des processus identitaires. Les parcours de jeunes diplômés d'écoles d'art y sont considérés comme un laboratoire d'étude qui favorise l'analyse du travail, sur les identités, d'une tension entre aspiration à une réalisation de soi et incertitude. Des matériaux à dominante autobiographique en permettent l'appréhension. Ils situent l'analyse au cœur d'ensembles vécus. La mise en place d'un cadre d'analyse et d'interprétation des processus identitaires occupe une place stratégique dans cette thèse. Il s'agit en effet de faire se rejoindre perspectives sociologiques et narratologiques. En continuité étroite avec le champ des histoires de vie en formation, cette recherche met au centre les dynamiques subjectives ainsi que les temporalités longues dans l'analyse des processus identitaires, sans cependant évacuer les dimensions relationnelles et les temporalités instituées, elles aussi agissantes sur les processus étudiés. Cette thèse accorde une importance aux dimensions empiriques, en continuité avec les histoires de vie en formation.