Les trans’ sont victimes en France d’une banalisation et d’une diffusion massive de discours anti-trans. Parmi la multiplicité des acteur.ices de ces campagnes idéologiques, les féministes anti-trans interrogent. Elles qui se réclament d’un combat social pour l’égalité pratiquent activement des formes d’exclusion sur une communauté très fortement marginalisée et discriminée en France. Si ces féminismes font l’objet d’études à l’international et particulièrement dans le monde anglo-saxon, où elles sont organisées depuis les années 1970, le cas français n’est que peu abordé. Pourtant, ces féministes soulèvent de multiples questions. Cette recherche vise alors à ancrer les féministes anti-trans au sein des féminismes afin d’illustrer que les féministes anti-trans font partie d’une tradition de féminismes excluants, et que féminisme et altérisation ne sont pas antinomiques. De même, cette recherche a pour but de souligner la présence de ces féministes dans les mouvements anti-trans français, et de ne pas les minimiser dans leur risque politique pour les trans’. La problématique s’est donc construite autour de ces objectifs. Méthodologiquement, cette recherche porte une volonté de diversité dans les sources. Ce travail de mémoire repose donc sur un croisement entre des sources universitaires et des sources non-universitaires afin de limiter une hiérarchisation des savoirs dans un espace, l’université, dont on sait la difficulté d’accès et de publications pour des personnes marginalisées (Alexandre Baril).Grâce à une analyse de discours sur différentes prises de position anti-trans ainsi que l’analyse d’entretien semi-directifs réalisés avec des trans’, cette recherche tend à situer les stratégies mises en place par les féministes anti-trans au sein même des féminismes. Elles s’attachent à définir de façon exclusive le sujet de leurs féminismes qui deviennent alors des outils politiques et idéologiques qui leur permettent de diffuser des discours discriminatoires et altérisants, sous le couvert d’une défense des femmes érigées en victimes perpétuelles. Utilisation erronée de concepts et d’outils féministes, tokenisation de vécus minoritaires lesbiens ou encore construction fantasmée et complotiste d’une transidentité stéréotypée leur permettent de mobiliser leurs féminismes comme armes afin de porter préjudice aux trans’. Les entretiens réalisés offrent alors un début de compréhension de quelle portée ont exactement ces féministes anti-trans sur les personnes qu’elles cherchent à combattre. Cette recherche permet d’illustrer les conséquences matérielles, de santé ou même d’accès à des transitions autodéterminées et dignes dont est responsable la propagation sociale du discours anti-trans que ces féministes alimentent.