Objectifs : Cette étude vise à explorer les différences de perception des troubles du sommeil entre les sexes, en comparant les plaintes subjectives des patient.e.s avec les résultats des polysomnographies. Elle examine les disparités entre les sexes concernant la qualité du sommeil, la latence d’endormissement, le temps total de sommeil ainsi que les facteurs démographiques et polysomnographiques influençant ces perceptions.
Méthode : Une étude rétrospective a été menée sur 230 patient.e.s (118 femmes et 109 hommes) ayant effectué une polysomnographie au Centre de médecine du sommeil des HUG entre janvier et juin 2022. Les données démographiques, polysomnographiques et subjectives ont été collectées et analysées statistiquement à l'aide de tests de Wilcox, Chi-2 et de régressions logistiques multinomiales. L’analyse d’une sous-population incluant uniquement les patient.e.s avec un indice apnée-hypopnée (IAH) inférieur à 15/h a été réalisée pour obtenir une population plus homogène.
Résultats : Les femmes rapportent davantage de troubles du sommeil que les hommes, malgré des polysomnographies montrant une qualité de sommeil objectivement meilleure. Les femmes estiment plus souvent avoir un sommeil léger, de mauvaise qualité, des difficultés d'endormissement et une moindre satisfaction au réveil. Les différences de perception de la latence d'endormissement (SOL) et du temps total de sommeil (TST) sont influencées par des paramètres polysomnographiques spécifiques, tels que la survenue des stades, le temps de stade de sommeil, les transitions de stade les micro-éveils. Les analyses montrent que les femmes surestiment leur latence d'endormissement et sous-estiment leur TST par rapport aux hommes.
Conclusion : Les résultats mettent en lumière des disparités significatives entre les sexes dans la perception des troubles du sommeil, souvent en décalage avec les données objectives. Ces différences pourraient être dues à des facteurs sociétaux et psychologiques, en plus des paramètres biologiques. Une approche intégrative, prenant en compte les aspects subjectifs et objectifs, ainsi que les influences sociétales, est essentielle pour une prise en charge plus personnalisée et efficace des troubles du sommeil chez les hommes et les femmes. Des études futures devraient approfondir ces aspects pour une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents et des stratégies de gestion adaptées.
