Ce chapitre s’intéresse à l’interdiction et la déclinaison de ses modalités d’écoute – ses « registres d’écoute » selon la formule du musicologue Peter Szendy – dans deux cantons de Suisse romande, Genève et Vaud, entre 1815 et 1910. Bien que proches géographiquement, ces territoires sont distincts en droit et en pratique. Aussi, après une brève présentation du cadre législatif en matière de droit de tutelle au XIXe siècle, deux parties principales structurent la comparaison sur le rôle et le statut de l’audition des personnes concernées dans chacun des cantons étudiés. Le cas genevois se caractérise par un modèle d’interrogatoire formaliste. Les justices civiles vaudoises donnent à voir des pratiques d’écoute plus aléatoires, arbitraires au sens étroit du terme : elles dépendent parfois de la libre décision du juge. En conclusion, il s’agira de montrer que ces manières différentes d’écouter les personnes visées par une procédure tutélaire ont une fortune diverse sur le Code civil suisse adopté à l’aube du XXe siècle, le cas vaudois préfigurant à maints égards les dispositions de la codification fédérale.