Dans cette thèse, Axel Bühler cherche à mieux identifier les intentions rédactionnelles, les genres littéraires mobilisés et le contexte de production d’un corpus dédié aux recensements et à l’organisation des Israélites. Ces textes présents dans les parties dites « sacerdotales » du livre des Nombres sont souvent considérés comme les plus récents du livre et du Pentateuque. Par conséquent, une meilleure compréhension de ce corpus amène à développer de nouvelles hypothèses sur la formation tant du livre des Nombres que du Pentateuque.

Dans le premier chapitre, il développe des outils méthodologiques sur les chiffres et les nombres présents dans la Bible : critique textuelle, historicité et non historicité, usage rhétorique et motifs numériques. Dans les deuxième et troisième chapitres, il montre comment le corpus de Nb 1–4 et 26 reprend les codes de la littérature de πολιτεία « constitution » et de la littérature décrivant des campagnes militaires grecques contre les Perses. Ces deux types de littératures bénéficient d’un fort succès au début de l’époque hellénistique (fin IV^e siècle et III^e siècle av. J.‑C.) tant dans les écrits grecs, que bibliques, extra-bibliques et démotiques. Dans le dernier chapitre, il développe une analyse historico-critique du corpus de Nb 1–4 et 26 en s’appuyant sur les résultats obtenus et les méthodologies développées précédemment.

Cette thèse se distingue par l’apport de nombreuses nouveautés méthodologiques et d’hypothèses originales qui intéresseront au-delà du cercle des spécialistes du livre des Nombres. Selon les conclusions obtenues, le Pentateuque prendrait forme seulement au III^e siècle av. J.‑C., période à laquelle il faut aussi situer sa traduction, sa diffusion et son utilisation dans la liturgie, avant tout en diaspora mais aussi en Palestine. La présentation des Israélites en Nb 1–4 et 26 comme des colons (soldats-propriétaires terriens) reflète la situation des Judéens de diaspora durant cette période tant sous les Lagides que les Séleucides.