Cette étude traite du rôle de l’Hospice général genevois en tant qu’institution publique pendant la Première Guerre mondiale. Cette période bouleverse en effet la politique d’assistance de l’institution et ses pratiques administratives. L’Hospice général est abordé sous l’angle institutionnel, sous l’angle des personnes qui l’incarnent ainsi que sous l’angle des secours distribués. Une attention particulière est portée sur l’articulation entre le discours produit par les membres de la commission de l’Hospice et la réalité de l’assistance publique, et sur l’interaction entre œuvre privée et œuvre publique de bienfaisance. Le choix de la période – en dehors de toute réforme législative – permet d’amorcer une réflexion sur l’importance de la pratique administrative dans le fonctionnement d’une institution. Ainsi, ce travail se veut aussi une réflexion autour de l’articulation entre la production de normes législatives et leur mise en œuvre administrative.

Les résultats de ce travail montrent notamment la réaction des dirigeants de l’Hospice général face à un événement d’ampleur mondiale. Ceux-ci ne parviennent pas à enrayer la paupérisation croissante de la population genevoise, malgré une tentative d’adaptation de la politique d’assistance. L’étude démontre également que ces dirigeants conçoivent leur tâche comme une mission trouvant son origine dans les valeurs chrétiennes et développée grâce à des principes rationnalisés, une sorte de charité laïcisée. Enfin, il ressort de ce travail que les ajustements effectués lors de la Première Guerre mondiale esquissent les prémisses d’une fonctionnarisation de l’institution, amorçant ainsi le transfert de compétences des commissaires-philanthropes vers des salariés rémunérés par l’État.