Nous avons réalisé l'étude détaillée par géochimie et géochronologie de la partie sud du massif du Montnegre (Sud de la Costa Brava, Catalogne). Ce massif représente une partie encore peu connue de la chaîne hercynienne européenne. Par ses caractéristiques géologiques et sa situation géographique, il est susceptible de fournir des informations importantes sur le contexte géotectonique qui contrôle la genèse des magmas calcoalcalins hercyniens.
Pour cette étude, nous avons utilisé quatre approches complémentaires, à savoir:
La Pétrologie: caractérisation des matériaux par l'étude sur le terrain des affleurements et l'étude microscopique des lames minces des différentes roches analysées.
La Géochimie: étude des éléments majeurs et traces (notamment Sr, Rb, Y, Nb, Zr). Ils ont permis de caractériser les principales unités et leurs affinités relatives ainsi que leur appartenance à une série magmatique cogénétique.
La Minéralogie: nous avons étudié par microsonde électronique des lames minces représentatives des différentes unités plutoniques. Cela nous a permis d'estimer les relations entre différentes phases évolutives ainsi que de calculer des géothermomètres et des géobaromètres basés sur la composition des phases minérales coexistantes.
La Géochronométrie: les analyses K-Ar, Ar-Ar et Rb-Sr ont été décisives pour établir les âges des différents plutons qui étaient inconnus jusqu'à présent. Grâce à ces données, la position du massif dans l'Orogenèse Hercynienne a pu être fixée exactement dans le temps.
L'intégration des différentes approches nous a permis d'arriver à une série de conclusions qu'on exposera dans les paragraphes suivants.
L'ensemble des roches étudiées constitue une séquence calcoalcaline typique montrant une grande similitude géochimique avec les séries liées aux zones de subduction récentes (Japon, Ouest Américain). Selon les données géologiques de terrain et la géochimie, elles seraient représentatives des intrusions tardi- et post-orogéniques hercyniennes. D'une façon particulière, elles montrent des similitudes avec les roches plutoniques des zones proches (Pyrénées, Corse et Sardaigne) et des différences avec les granitoïdes du Massif Ibérique et du Massif Central Français.
D'après la géologie de terrain et les analyses géochimiques, on peut distinguer deux groupes de roches: d'une part, les roches avec des compositions allant des leucogranites aux diorites, montrant des affinités nettes, même au niveau de la composition minérale et de l'âge; d'autre part les gabbros et les roches ultramafiques (cortlandtites) qui ont des rapports mutuels importants, mais qui se détachent du groupe précédent par leur composition chimique.