En 2021, le peuple suisse était amené à voter pour ou contre l’initiative populaire « Interdiction de se dissimuler le visage ». Acceptée par une petite majorité, la Suisse s’inscrit dans une tendance islamophobe et de diabolisation de l’Islam, adoptée à l’échelle européenne et occidentale, et légitimée au nom de l’égalité des sexes. Cette interdiction, visant particulièrement le port de la burqa et du niqab dans l’espace public, a suscité un débat intense en Suisse en raison de son caractère discriminatoire vis-à-vis des femmes musulmanes, mais également envers l’ensemble de ces communautés religieuses. Ce mémoire propose une analyse critique de la loi dite « anti-burqa » en Suisse, en mobilisant le concept de fémonationalisme comme cadre théorique. Le concept, théorisé par Sara R. Farris (2017), apporte des éléments de réponses à l’articulation du principe de l’égalité des sexes à des fins excluantes et stigmatisantes visant spécifiquement les populations immigrées, notamment de confession musulmane, par des acteur·ice·s nationalistes, néolibéraux·les et fémocrates. Par le biais d’une analyse exploratoire, ce mémoire met en lumière les arguments mobilisés en faveur de la loi au sein de discours prononcés au Conseil National et dans la presse par des acteur·ice·s politiques spécifiques, et tente d’apporter des éléments de réponses en les articulant avec la théorie de Farris (2017). A l’issue de cette recherche, j’entends émettre des pistes de réflexions sur les limites du concept de fémonationalisme