Notre recherche interroge l’influence des normes, pratiques et stéréotypes genrés sur la recherche médicale sur l’anorexie mentale. Nous analysons, d’une part, la manière dont les normes et les pratiques genrées sont abordées de façon explicite et, d’autre part, la manière dont les normes et stéréotypes genrés s’immiscent de façon inconsciente dans la recherche. Pour ce faire, nous avons sélectionné un corpus de 103 articles publiés dans la sphère académique médicale. En ce qui concerne le traitement des normes et pratiques genrées, une problématique centrale émerge dans le cas de la gender medicine : l’absence de définition du terme gender. Cependant, nos résultats ne rejoignent que partiellement la littérature existante sur le sujet, car si le terme gender est souvent utilisé comme un synonyme de sex, la discussion des normes et pratiques genrées n’est pas pour autant absente de la majorité des études. Le traitement proposé des normes et pratiques genrées au sein de ces études tend à enrichir la compréhension des EDs pour l’ensemble des personnes concernées, en posant notamment une perspective critique sur certains facteurs de développement de la maladie. Néanmoins, la grande majorité des articles étudiés maintient une focalisation de la recherche sur des populations majoritairement ou exclusivement féminines, entraînant un traitement genré de la maladie. Certaines thématiques de recherche, telles que la tendance au perfectionnisme ou la régulation des émotions semblent être le résultat de biais genrés qui montrent l’influence des stéréotypes de genre au sein de la recherche médicale sur l’anorexie.