L’affirmation des fumeurs selon laquelle la cigarette les aide à la concentration et à l’organisation de leurs pensées nous paraît familière. En effet, nous entendons souvent de la part des personnes dépendantes qu’elles doivent fumer afin de se sentir plus détendues et alertes. Le domaine quant au lien entre nicotine et attention a été longuement étudié dans la recherche scientifique. Les effets de la nicotine sur la cognition humaine sont très complexes et peuvent être controversées selon de nombreux auteurs. Beaucoup d’études s’accordent à affirmer, par des mesures du temps de réponse et de la précision à laquelle nous répondons à une tâche, ou par des mesures électrophysiologiques, que la nicotine augmente les performances attentionnelles. Mais il a été également démontré qu’au bout de plusieurs heures de privation, ces performances chutent. Dans cette étude, nous avons testé les effets de la consommation de nicotine chez les fumeurs dépendants sur la capture et sur la suppression attentionnelle. La capture se traduit par un déplacement temporaire de l’attention vers un stimulus saillant mais non pertinent. La suppression est le processus selon lequel nous arrivons à inhiber ce stimulus distracteur pour nous reconcentrer sur le stimulus cible. Avec cette étude, nous voulions savoir si les fumeurs dépendants sont effectivement capables de supprimer ou inhiber plus efficacement un distracteur très saillant, mais inutile, dans une tâche de capture attentionnelle avec des stimuli neutres. Pour tester cela, nous avons fait passer le paradigme du additionnal singleton à deux groupes de participants (fumeurs et non-fumeurs). Nos résultats démontrent que les fumeurs sont plus performants que les non-fumeurs à supprimer un distracteur localement et spatialement proche du stimulus cible. Ceci suggère un mécanisme de suppression attentionnelle plus efficace pour ce groupe. Nos résultats amènent donc de nouvelles preuves quant à aux capacités attentionnelles de personnes ayant fumé une cigarette juste avant une tâche de recherche visuelle. Notre étude amène également quelques suppositions quant aux effets de privation sur les performances attentionnelles.