À l’intérieur de la carrière de Puccini (1858-1924), "La fanciulla del West" (1910) est l’opéra qui marque un changement profond dans la poétique du compositeur, d’un point de vue aussi bien musical que littéraire et dramaturgique. C’est le seul cas où le maestro s’implique autant dans la conception du livret. Issu du drame "The Girl of the Golden West" du californien David Belasco, et rédigé par Guelfo Civinini, poète actif dans l’avant-garde italienne du Crépuscularisme, le livret est le résultat d’une longue et complexe genèse qui rend le texte des plus difficiles à approcher. De ce fait, depuis sa création en 1910 et jusqu’à aujourd’hui, la critique n’a épargné à ce dernier aucun reproche. Ce jugement négatif nait de l’incompréhension des nombreux aspects innovants de l’opéra, ainsi que des nombreuses sources d’inspiration qui ont guidé Puccini et ses librettistes : en effet, les nombreuses lectures du maestro (parmi lesquelles se trouvent Maxime Gorkij, Maurice Maeterlink ou Victor Hugo), ainsi que ses nombreux projets abandonnés laissent leur empreinte sur l’adaptation du drame originale. À ce jour, aucune étude sur le livret n’a fourni une approche satisfaisante pouvant en résoudre les difficultés et en relever les particularités. Nous proposons donc l’étude approfondie et étendue de la genèse du texte, grâce à une édition critique et commentée du matériel préparatoire et à une étude complète des projets abandonnés avant la découverte du drame américain. De cette manière, nous comptons mieux comprendre les choix de Puccini en reparcourant et comparant les modifications du texte et mieux apprécier les particularités de ce livret.