Il existe, au sein de l’oeuvre thomasienne, une angélologie de l’illumination inspirée de Platon et de ses successeurs et une angélologie plus strictement inspirée d’Aristote et des philosophes arabes. Par la première, j'entends le rôle des anges auprès des hommes dans le cadre de l’illumination divine et par la seconde, leur rôle dans le bon fonctionnement de l’univers, à travers leur fonction de moteurs des sphères célestes. Ce travail propose d'étudier, d'une part, l'influence des daimones platoniciens - intermédiaires entre les dieux et les hommes - sur les fonctions illuminatrices des anges, et d'autre part, l'influence de la théorie aristotélicienne des substances séparées sur la classe angélique des Vertus.

L'évaluation de ces influences se fera sur la base de deux ouvrages de Thomas aux ambitions différentes : La Somme Théologique (1266 - 1273) et Les Substances séparées (1271) ; le premier véhiculant l’enseignement de la foi, le second se voulant principalement philosophique. J’envisagerai donc dans ce travail la dynamique ascendante (de l'illumination) comme héritière de Platon - et plus proche des préoccupations théologiques - et la dynamique descendante (de la causalité du mouvement) comme héritière d'Aristote - et plus proche des préoccupations philosophiques. Cette approche méthodologique dichotomique doit évidemment être nuancée, mais elle permet de mettre en relief l'existence d'une angélologie "théologique" et d'une angélologie "philosophique" dans l'oeuvre de Thomas.