En s’appuyant sur l’exemple des récentes réformes de l’assurance invalidité (AI) en Suisse (2004-2012), cette thèse s’intéresse à la manière dont les changements politiques redessinent les frontières de la catégorie d’in/validité et confortent, accentuent ou réduisent des inégalités sociales tout en légitimant des différences. En conjuguant les apports des critical disability studies, l’approche des frontières (boundary work) et la perspective intersectionnelle, elle montre tout d’abord l’évolution de la catégorie d’in/validité. Ensuite, sur la base d'une enquête ethnographique et des entretiens avec 21 professionnel·le·s de la réadaptation et 60 participant·e·s aux programmes de l’AI, elle analyse les technologies actuelles de réadaptation professionnelle. Enfin, elle donne à voir les expériences des personnes assurées confrontées à l’action d’abledment de l’assurance. Cette thèse montre que si les frontières d’in/validité sont malléables et floues, certaines différences comptent plus (ou moins) que d’autres, autant dans l’action de réadaptation que dans la conception des droits.