Les prestations sociales à Cuba sont universelles mais localisées. Chaque personne est assignée à un centre dédié en fonction de la circonscription déterminée par son adresse de domicile. Cette situation prévaut tant dans le domaine de la santé que de l’éducation et l’octroi de certains biens de première nécessité largement subventionnés via un carnet d’approvisionnement. Pour y bénéficier, encore faut-il résider à son adresse officielle. Car pour éviter une hypertrophie de leur capitale, les autorités cubaines ont établi des conditions d’entrée extrêmement restrictives. Et comme La Havane représente le lieu où l’offre de travail informel est la plus grande du pays, nombreux sont les provinciaux qui choisissent de s’y installer, illégalement. La rejoindre sans autorisation revient alors à risquer de renoncer à de nombreux services que l’Etat-providence socialiste fournit, ce qui peut rendre la migration moins attractive. L’objectif de ce travail est d’évaluer l’impact des prestations sociales localisées sur les choix de migration vers la capitale cubaine selon une démarche à caractère qualitatif. Il en résulte que l’influence de chaque prestation dépend fortement de l’application de sa localisation en pratique. Si les services de santé jouent un rôle négligeable sur les migrations en raison de leur non-exclusivité géographique dans les faits, les résultats concernant l’éducation et le carnet d’approvisionnement s’avèrent plus probants.