Par une prompte coïncidence, la parution de Chiennes intervient peu après qu'une rumeur virulente se soit répandue dans les milieux académiques et dans la presse francophone : aux États Unis les études de genre auraient été piégées par trois renard·e·s ! Illes - la journaliste Helen Pluckrose, l'essayiste James Lindsay et le philosophe Peter Boghossian1ont passé près d'un an à écrire de faux papiers dans le but de les soumettre pour évaluation et publication dans des revues scientifiques consacrées, entre autres, aux gender studies. Le but étant de démontrer -on reviendra sur l'administration de la preuve- que les études de genre et, tant qu'à faire les cultural studies et autres champs du « post-modernisme », ne valent rien puisque qu'en la matière – et non ailleurs – le processus d'évaluation en double blind est précisément aveugle et surtout aveuglé par une discipline qui, selon ce trio adepte de canular, n'en serait pas une... De quoi se lécher les babines et se frotter les pattes !!! Ce qui nous intéresse ici – la chienne nous y oblige – c'est notamment la publication (retirée par la suite ) de « Human reactions to rape culture and queer performativity at urban dog parks in Portland, Oregon2 », non pas parce que nous sommes devenues sensibles aux empreintes canines – préparant depuis plus de quatre ans notre numéro –, mais plutôt parce que nous prêtons une attention vigilante aux emprunts vampiriques que les disciplines scientifiques font sans cesse au monde animal pour lui faire dire ce qu'elles veulent entendre.