Dans de précédentes études sur l'ophiolite du Montgenèvre, l'accent a souvent été mis sur la séquence des gabbros et certains des phénomènes, tels flaserisation, métamorphisme, hydrothermalisme, que l'on peut y observer. Cet article est consacré plus spécialement aux sédiments associés à l'ophiolite. Diverses roches clastiques doivent être distinguées de la série pélagique. Ainsi, des arénites volcaniclastiques forment des intercalations dans la séquence des laves en coussins alors que des ophicalcites et arénites a débris de serpentinite reposent stratigraphiquement sur les vestiges d'un paléo-plancher océanique serpentineux. La série pélagique constitue des unités tectoniques disposées l'une à la marge externe, l'autre à la marge interne du massif; elle s'observe probablement aussi en position originale sur son substratum ophiolitique. Connue sous le nom de "Série de Chabrière", elle montre la succession cherts à radiolaires-calcaires recristallisés - Formation de la Replatte (alternance schistes-calcaire). Dans le domaine Liguro-piémontais, cette série est interprétée comme la couverture sédimentaire primitive de la lithosphère océanique. Les trois termes mentionnés se différencient généralement sans difficulté, toutefois certaines variations lithologiques et transitions peuvent exister. Les olistolites ophiolitiques et horizons à débris ophiolitiques associés à cette série sont particulièrement intéressants. Les caractères observés tant dans la série de Chabrière que dans les arénites et autres formations remaniées démontrent non seulement l'existence d'événements tectoniques au cours de la phase océanique, et ceci durant une longue période, mais aussi confirment l'hétérogénéité du paléo-plancher océanique et la diversité des environnements de dépôts. L'empreinte du métamorphisme sur le massif du Montgenèvre ne répond pas à un schéma simple. S'il est définitivement admis que les flasergabbros ont subi un métamorphisme océanique, par contre l'âge et les conditions précises de formation de certaines paragenèses du faciès pumpellyite-prehnite demeurent plus hypothétiques. La croissance d'amphibole et de pyroxène sodiques et de lawsonite, d'âge alpin, apparaît postérieure aux déformations pénétratives observées localement. Ces minéraux, qui ne montrent en effet pas d'orientation privilégiée, s'observent aussi, dans des domaines chimiques appropriés, sous forme d'aggrégats mouchetés ou aciculaires développés sur la structure originale intacte ou légèrement déformée. La distribution géographique aléatoire de telles paragenèses de même que les changements d'ordre de cristallisation de ces minéraux - amphibole sodique remplaçant le pyroxène sodique et vice versa - pourraient s'expliquer par l'existence de conditions physico-chimiques variables lors des processus métasomatiques et des stades initiaux du métamorphisme alpin. L'écaillage en unités ophiolitiques déjà affectées par différentes empreintes de déformation et de métamorphisme à pris place après ces événements alpins "précoces". Le transport de l'édifice ophiolitique ainsi constitué à son emplacement actuel pourrait quant à lui correspondre a un événement plus tardif encore.