Cette contribution cherche à déterminer comment les principales théories politologiques de l'intégration européenne ont analysé le futur lien institutionnel entre le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) après le Brexit. Elle permet de montrer que celles-ci ne sont pas toujours convaincantes. D'abord, la portée prédictive du néo-fonctionalisme et de l'intergouvernementalisme libéral est décevante. Ainsi, ces approches n'ont pas réussi à présager l'échec de la politique intégrative de Theresa May devant la Chambre des communes, son remplacement par Boris Johnson et la large victoire de ce dernier aux élections de décembre 2019. Les adeptes de la théorie du choix rationnel se sont également leurrés en s'appuyant sur la métaphore du « Dilemme du prisonnier ». Ces théories ne sont surtout pas non plus parvenues à anticiper les prises de position du nouveau premier ministre Boris Johnson en faveur d'un accord minimal avec l'UE. Même l'approche post-fonctionnaliste ne semble pas être pertinente pour prédire l'avenir de la politique extérieure du Royaume-Uni sous Boris Johnson. Celle-ci paraît en effet beaucoup plus libérale en matière d'économie, d'immigration et d'environnement que celle qui serait poursuivie par un gouvernement populiste, identitariste et xénophobe tel que décrit dans la théorie post-fonctionnaliste.