Le Plateau genevois doit les grands traits de sa configuration aux terrains molassiques dont les collines localisent le réseau hydrographique. Mais l'ensemble des détails se rapporte aux terrains quaternaires et surtout au complexe würmien. Ce dernier est considéré d'ordinaire comme une superposition de terrains stratigraphiquement distincts. Il y aurait eu trois étapes dont la seconde seule serait marquée par l'envahissement glaciaire (moraine de fond auct.). A ces vues nous opposons les observations faites sur les glaciers actuels. Elles montrent que le glacier repose sur une moraine de fond mais qu'il recèle aussi des moraines intraglaciaires. La fusion du glacier ou ablation atteint toute la surface du glacier, elle fait apparaître ces moraines qui deviennent suivant leur position, frontales, latérales, médianes. L'ensemble du complexe würmien doit être considéré non comme trois sous-étages d'âges différents mais comme un ensemble de moraines datant en gros du même âge. Les terrasses élevées ont été formées à la surface du glacier et déposées lors de la fonte sur le substratum qu'elles rencontraient. On peut donc avoir des terrasses distinctes au point de vue topographique et de même âge géologiquement parlant, les sillons marquant les vallées actuelles existaient déjà alors que le glacier les occupait encore. Contrairement aux idées admises qui fixent un ancien niveau du lac Léman à 428 m, il faut considérer que les plus anciens restes certains de terrasses lacustres et fluviatiles sont à Genève à 10-15 m au-dessus du niveau actuel. On ne peut toutefois supposer un plan d'eau général à l'altitude de 385-390 m, les mouvements tectoniques pouvant avoir élevé cette terrasse dans la région genevoise et l'avoir abaissée ailleurs. Enfin de nombreux vallons sont attribués à une érosion postglaciaire alors que nous y voyons simplement le résultat de la mise en place par fusion de la glace de masses d'inégale importance; l'érosion, s'il y en a eu, est glaciaire. Il s'en faut que tous les détails de la genèse morphologique de notre région soient exactement connus et nous sommes conscient des lacunes que présente notre mode d'interprétation. Mais l'essai que nous avons tenté en répondant à la demande du Comité de rédaction du Globe peut, pensons-nous, montrer la voie: celle d'une interprétation du Quaternaire basée davantage sur l'étude des phénomènes actuels, de la genèse et du sort des moraines glaciaires en particulier.