L'étude des commentaires antiques et médiévaux sur Pilate, qu'ils soient patristiques, c'est-à-dire généralement exégétiques, ou apocryphes, sous forme de réécritures narratives, montre une évolution nette de la figure de Pilate : la condamnation à mort de Jésus passe du statut d'acte à celui de crime. Le terrain pourrait sembler être préparé par les épisodes rapportés par Philon d'Alexandrie et par Flavius Josèphe, mais ceux-ci n'ont guère de postérité dans la littérature chrétienne, et les évangiles insistent au contraire sur la responsabilité et la culpabilité des Juifs, une lecture entérinée par les auteurs chrétiens jusqu'au IVe siècle. L'élaboration de la figure de Pilate connaît alors un tournant : le lavement des mains n'a pas effacé ses actes, dit Ambroise de Milan. Sur ce terreau latin moins favorable à Pilate croît alors, dans les commentaires comme dans les apocryphes, une légende noire, qui fait basculer la condamnation de Jésus vers un crime pathologique. Celui-ci devient révélateur de l'ensemble de la vie de Pilate, qui dans la Légende dorée semble lié depuis toujours et pour l'éternité à ce crime.