Depuis plusieurs années maintenant, le bilinguisme est devenu un sujet de recherche important : longtemps considéré comme un frein au développement linguistique et cognitif des enfants, le bilinguisme est aujourd'hui envisagé comme un atout. En effet, de nombreuses études s'accordent à dire que les bilingues présentent un avantage au niveau des fonctions exécutives mais également au niveau langagier, allant même jusqu'à considérer que le bilinguisme faciliterait l'acquisition d'une nouvelle langue. Or, ce constat n'a jamais été réellement testé au niveau de l'apprentissage de la grammaire. C'est pourquoi l'objectif principal de cette recherche est d'étudier le lien entre le bilinguisme et l'acquisition de la syntaxe d'une nouvelle langue. Pour ce faire, nous avons étudié un phénomène spécifique qui se retrouve dans toutes les langues du monde : le mouvement syntaxique. Nous avons donc créé une tâche de langage dans laquelle des enfants âgés de 9 à 11 ans ont été, dans un premier temps, familiarisés avec du lexique, des phrases simples, ainsi que des phrases relatives sujet et objet du norvégien. Dans un second temps, les participants devaient, dans une première phase, généraliser la règle de mouvement extraite précédemment à de nouvelles phrases relatives sujet et objet (généralisation lexicale). Puis dans une deuxième phase, ils devaient généraliser la règle extraite à des structures syntaxiques encore non rencontrées, les questions sujet et objet (généralisation syntaxique). Les participants ont également réalisé deux tâches évaluant les fonctions exécutives et la mémoire de travail phonologique à court terme, afin de déterminer l'influence potentielle de ces variables sur l'apprentissage de la syntaxe d'une nouvelle langue. De plus, afin de vérifier si l'avantage dans l'extraction de règles était spécifique ou non au domaine langagier, nous avons évalué la capacité des participants à induire une règle non langagière à l'aide des Matrices progressives de Raven. Les résultats montrent que le niveau de bilinguisme ne prédit ni la généralisation lexicale, ni la généralisation syntaxique. Par ailleurs, le bilinguisme ne prédit pas non plus la capacité d'induction d'une règle non langagière. En conclusion, les bilingues ne présentent pas d'avantage dans l'extraction de règles, qu'elles soient langagières ou non.