Cette thèse interroge les logiques politiques du projet des droits de l'enfant, souvent présenté par ses promoteurs comme l'avant-garde d'un mouvement progressiste visant à fonder une cité réellement inclusive. L'enquête ethnographique, qui étudie comment les acteurs fabriquent un monde pour et avec les enfants, se fonde sur trois études de cas imbriquées, explorant, respectivement, le plaidoyer international visant à restaurer l'« enfance volée », l'ascension des « enfants disparus » à l'agenda de l'Occident et les politiques publiques promouvant la participation des enfants et des jeunes en Suisse romande. Les résultats de la recherche éclairent les logiques paradoxales des interventions menées au nom des droits de l'enfant. La main que les adultes tendent aux enfants, pour les protéger, les sauver ou les écouter, participe en effet d'une double politique, qui inclut et exclut, reconnait et méconnait. L'enquête questionne ainsi la véritable portée révolutionnaire du projet des droits de l'enfant.